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Le conflit des Babou dans l'Humanité!

Le conflit des Babou dans l'Humanité!

article de Laurence Mauriaucourt

Sur le marché de Bagnolet (Seine-Saint-Denis), JeanClaude n'a de cesse de dire qu'il est innocent, tout en racontant son histoire : il y a de cela trois semaines, il ne travaillait pas. Sa petite fille ayant besoin d'un tablier pour l'école, il se rend tout naturellement au magasin Babou de Bagnolet, où il travaille depuis douze ans. Là, il se « prend la tête » quelques minutes avec un collègue, avec qui il travaille pourtant sans encombre depuis des années, pour une banale histoire de rayon à achalander. Le ton monte un peu, mais rien de plus. Puis il retourne vaquer à ses occupations. Mais le lendemain il est convoqué dans le bureau de la gérante, escortée de son gros chien. La sanction est incompréhensible : Jean-Claude est licencié pour faute lourde. Une goutte de sueur qui fait déborder un vase déjà plein à ras bord.

« Depuis un an et demi que madame Briand a repris le direction du magasin, rien ne va plus », explique Saïd. Des exemples de vexations et de mesures autoritaires, le salarié en a à la pelle. Comme les 18 salariés de l'enseigne, tous payés au Smic et sans espoir d'évolution de carrière dans cette entreprise passée au fil des ans entre les mains d'une dizaines de gérants. « Une collègue a mis sept minutes pour se changer au lieu de cinq, elle a écopé d'un blâme », rapporte-t-il. Tous sont en grève depuis le 3 octobre et fermement décidés à voir leur collègue réintégré.

« Babou en grève pour le respect », indiquait hier la banderole de la CGT sur le petit marché de Bagnolet où les salariés, soutenus par une trentaine d'autres syndicalistes, d'élus et de militants locaux du PCF et du Parti de gauche, continuaient de recueillir des signatures autour de leur pétition de soutien qui en compte plus de 1500.

La veille, ils avaient reçu le soutien de Gérard Filoche, ancien inspecteur du travail et, par ailleurs, candidat à la primaire du PS, qui a déploré l'isolement des salariés des magasins franchisés Babou et le manque de dialogue social avec la direction.

Depuis que les élections professionnelles ont été organisées dans le magasin, où la CGT a obtenu 100 % des voix, les sanctions tombent », relève Kamel Brahmi, secrétaire départemental de la CGT, abasourdi par l'attitude de la gérante, qu'il a pu rencontrer. « Elle passe par toutes les émotions : la colère, les larmes... reconnaissant elle-même qu'il lui arrive d'aboyer sur les salariés », explique-t-il interloqué quant au système de recrutement des managers de Babou, à qui il est parfois seulement demandé une expérience... dans la restauration. « Nous avons écrit à la gérante pour que le salarié soit réintégré et pour que le dialogue social puisse reprendre dans le magasin », indique Solenne Le Bourhis, conseillère municipale PCF de Bagnolet.

« Pour la gérante, qui est obnubilée par les questions de sécurité, je suis dangereux. Je ne suis qu'un père de famille qui a besoin de travailler pour vivre. Cette histoire m'a déjà valu de me retrouver au commissariat, accusé de coups et blessures envers mon collègue, alors qu'il n'en est rien », assure Jean-Claude, qui espère retrouver son rayon de linge de maison et des conditions de travail dignes, pour lui et pour ses collègues. Y compris dans l'intérêt de la clientèle, accueillie malgré la grève grâce à des coups de main de la famille de la gérante. Légal ou pas ? Saisie à ce sujet, l'inspection du travail tranchera.

Selon nos informations, les deux parties auraient accepté le principe de la nomination d'un médiateur par l'intermédiaire de l'inspection du travail.

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