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Georges Valbon l'article du Monde.





Ancien président du conseil général de la Seine-Saint-Denis, ancien patron de Charbonnages de France, militant du Parti communiste, résistant, Georges Valbon est décédé, samedi 18 juillet, dans le Val d'Aoste (Italie), à l'âge de 84 ans.

Fils d'immigrés italiens, Georges Valbon naît le 8 août 1924 à Lunery (Cher). Ses parents quittent l'Italie de Mussolini et ils s'installent, après la naissance de leur fils, à Bagnolet (Seine-Saint-Denis). Son père est plombier-couvreur, sa mère couturière, et il obtient son certificat d'études primaires avec mention très bien. A l'école Chaix, il apprend le métier de typographe. Pendant l'Occupation, il imprime des tracts antinazis sur les presses de l'école.

Dès 1944, Georges Valbon adhère au Parti communiste. Refusant le travail obligatoire, il entre dans la clandestinité. Lieutenant FTP, en juillet 1944, à la tête d'un groupe basé à Bagnolet, il prend une part active aux combats qui conduisent à la libération de la mairie des Lilas, puis de Montreuil, des forts de Rosny et de Romainville, jusqu'à Paris. Il s'engage brièvement dans l'armée mais la quitte en 1946, en mettant en avant son refus de la guerre en Indochine.

Figure communiste de la Résistance, Georges Valbon choisit la politique. Secrétaire de la section du PCF à Bagnolet, il est, de 1947 à 1959, conseiller municipal de cette commune de la "ceinture rouge" de Paris. Conseiller général communiste de la Seine, il est élu, le 21 mars 1965, maire de Bobigny. Avec ses allures de gentleman-farmer, son faux air de Cary Grant, il incarne le communisme municipal. Homme de culture, passionné de musique, il fait de l'accès aux activités culturelles une priorité. Il accroît ainsi fortement la fréquentation du conservatoire de musique de Bobigny, dont il restera maire jusqu'en novembre 1995, pour en faire, selon sa formule, "un instrument de qualité, de lutte contre l'inégalité". "Si la ville capitaliste est invivable, c'est le capitalisme qu'il faut rejeter, et non la ville", explique ce communiste orthodoxe qui privilégie à Bobigny une architecture au modernisme froid.

En 1967, le général de Gaulle étant au pouvoir, Georges Valbon accepte que Bobigny devienne la préfecture du nouveau département de la Seine-Saint-Denis. En octobre 1967, toute la direction du PCF l'entoure lorsque Georges Valbon, en présence du préfet, est élu président du conseil général. "Les permanents du PC doubleront vite mon administration si le nombre de mes fonctionnaires reste ce qu'il est , c'est-à-dire insuffisant", confie alors le préfet, Henri Bouret, ancien député proche du MRP. Durant son mandat, exercé jusqu'en 1993, avec une interruption de 1982 à 1985, il développe les conservatoires et les cinémas municipaux. Il est surtout à l'origine de la création, très emblématique, de la Maison de la culture de Bobigny. Il se montre aussi favorable au retour du tramway en Ile-de-France.

Proche de Georges Marchais, Georges Valbon est élu, en 1970, au comité central du PCF. Il est chargé du secteur des commerçants, artisans et "petits entrepreneurs". C'est à ce titre qu'en 1976 il propose aux PME "une alliance durable et solide parce que réciproquement profitable à tous". Favorable à l'union de la gauche avec le Parti socialiste, il prévient, dès le lendemain de l'élection de François Mitterrand, en 1981, que le conseil général de la Seine-Saint-Denis "ne sera pas en quelque sorte un godillot du gouvernement".

Le 17 février 1982, sans doute parce qu'il a été à la pointe du combat contre la désindustrialisation, Georges Valbon est nommé, en conseil des ministres, président de Charbonnages de France (CdF). "Si l'on compte sur moi pour tempérer les syndicats, on se trompe", prévient-il d'emblée. Avec son autorité tranquille et souriante, son caractère affable, le nouveau patron de CdF affiche sa volonté d'associer les syndicats "presque au niveau des fosses". Il croit au charbon, "énergie d'avenir, industrie forte", plaide avec passion pour une relance de l'industrie charbonnière et réclame une enveloppe de 30 milliards de francs sur dix ans.

Mais il déchante vite. L'heure est à la fermeture des mines. En novembre 1983, il démissionne de la présidence de CdF, jugeant que "sa mission ne peut plus être conforme aux objectifs pour lesquels il avait été nommé". Même s'il répète que sa démarche "concerne la modification de la politique charbonnière, et seulement cela", elle est perçue comme le prémice du départ, en juillet 1984, des ministres communistes. De retour à la présidence de la Seine-Saint-Denis, il la quitte en octobre 1993, suivant de peu le départ de Georges Marchais de la direction du PCF. Le "93" est alors encore un bastion communiste : 27 000 militants, près de 500 élus, 6 députés sur 13. Mais le déclin s'annonce.

Michel Noblecourt

 


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