CONSEIL MUNICIPAL de BAGNOLET (93)
SEANCE DU 05 JUILLET 2007
VŒU PRESENTE PAR LE GROUPE COMMUNISTE, RADICAL ET CITOYEN SUR LA LIBERALISATION DU MARCHE DE L’ENERGIE
Rappels :
Le mouvement d’ouverture à la concurrence du secteur de l’énergie en Europe ne date pas d’hier. Il a été amorcé, en effet, pour l’électricité, dès
juin 1987, au Conseil « énergie » de COPENHAGUE qui a débouché sur une première directive européenne adoptée par le Parlement européen et le Conseil de l’Union européenne le 19 décembre
1996.
L’adoption de cette directive entraînait pour l’ensemble des états membres la modification de leur secteur électrique national avant le 19 février
1999.
En juin 1998, c’était au tour du gaz naturel de faire l’objet d’une directive européenne.
C’est, en fait, en juin 2003 que les deuxièmes directives concernant l’électricité et le gaz naturel ont imposé les réformes nécessaires à la
libéralisation totale du marché de l’électricité et du gaz naturel en Europe.
En France, le secteur de l’énergie occupe une place tout à fait particulière, parce qu’il est confié à des opérateurs publics (l’Etat étant
actionnaire unique) depuis 1945 (nationalisation), avec des missions d’intérêt général bien plus étendues que celles imposées dans la plupart des autres pays européens. Notamment, la fourniture à
un prix accessible et uniforme sur l’ensemble du territoire national (y compris les départements d’outre-mer), ce qui implique une péréquation tarifaire (le Kwh au même prix pour
tous).
Face aux pressions exercées par de gros consommateurs industriels, des directives européennes ont imposé des ouvertures à la concurrence (pour
l’électricité à partir de 2000, loi en 2003), pour aboutir à la libéralisation complète du marché de l’énergie au 1er juillet 2007 pour les particuliers.
La Commission Européenne comme la Commission de régulation de l’énergie en France ne se sont jamais préoccupées des conséquences économiques et
sociales de leurs décisions ou propositions sur les consommateurs.
Les gouvernements français de la dernière période ont une lourde part de responsabilité dans l’émergence des recettes libérales de la Commission
européenne. La loi du 9 août 2004 (gouvernement Raffarin) transforme le statut d’EDF et de GDF en Sociétés anonymes permettant l’ouverture du capital, le désengagement de l’Etat et donc la
privatisation rampante du secteur énergétique français.
Malgré le rejet par 55% de Français du projet de traité constitutionnel européen lors du référendum du 29 mai 2005, le gouvernement De Villepin
transpose l’intégralité des secondes directives européennes dans la loi du 7 décembre 2006 assurant ainsi l’ouverture totale du marché du gaz naturel et de l’électricité au 1er juillet
2007, et la privatisation de Gaz de France (fusion avec Suez).
Qu’en est-il depuis le 1er juillet 2007 pour les consommateurs ?
Depuis dimanche 1er juillet 2007, tous les consommateurs peuvent, s’ils le souhaitent, choisir leur fournisseur de gaz naturel et
d’électricité, et résilier leurs contrats existants avec EDF et/ou GDF.
Ce qu’il faut savoir c’est que le simple fait de changer de fournisseur, quel qu’il soit, conduit le consommateur à la perte de ses droits aux tarifs
réglementés par l’Etat sur l’une ou les deux énergies.
En restant abonnés à EDF et GDF, les consommateurs conservent les tarifs réglementés dans le cadre des contrats de service public (EDF s’est engagé
jusqu’en 2012 à ce que l’évolution des tarifs ne soit pas supérieure au taux de l’inflation).
Pour les autres fournisseurs les tarifs sont totalement libres.
Face aux enjeux que représente la fourniture des produits de première nécessité que sont le gaz naturel et l’électricité, il y a lieu de mettre en
garde les consommateurs.
C’est pourquoi, il est proposé le projet de motion
suivant :
« Le Conseil municipal de la ville de BAGNOLET, réuni ce jeudi 05 juillet 2007,
Estimant que la fourniture de gaz naturel et d’électricité sont des produits de première nécessité qui ne doivent pas être livrés à la spéculation
financière ;
Soulignant le rôle important joué par Electricité de France et Gaz de France dans le développement économique et social de notre pays depuis leur
nationalisation en 1945 ;
Soulignant les graves dangers pour les consommateurs de gaz naturel et d’électricité que représente la libéralisation du secteur de l’énergie depuis
le 1er juillet 2007 ;
Ayant exprimé par son vœu du 27 mai 2004 son rejet des projets de privatisation des entreprises publiques EDF et GDF et son soutien au personnel
travaillant dans ces entreprises publiques ;
S’étant prononcé, dans le même vœu, pour la modernisation et le développement du service public de l’énergie, seul garant de la péréquation tarifaire
et de l’égalité des usagers ;
Ayant demandé l’élargissement des critères d’application du tarif social pour que les plus démunis aient accès à l’énergie sans conditions
aucunes.
Constatant le refus largement majoritaire par la population bagnoletaise du projet de traité constitutionnel européen le 29 mai
2005 ;
Considérant les menaces que la libéralisation du secteur de l’énergie va faire peser sur les familles les plus économiquement exposées, notamment par
la multiplication des interlocuteurs ;
DENONCE avec fermeté la libéralisation des marchés de l’énergie depuis le 1er
juillet 2007 ;
ESTIME que la non-ouverture du marché reste le meilleur moyen d’assurer le maintien des tarifs
réglementés par l’Etat ;
INVITE, en conséquence, la population bagnoletaise à faire le choix de la fourniture de leur
gaz naturel à GDF et de leur électricité à EDF. »
A noter que ce voeu a été adopté par les voix des élus communistes, socialistes et du groupe UMP. Les verts ayant décidés de ne pas prendre part au vote.
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